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L'église de Rimsdorf, paroisse annexe de Sarre-Union

Le petit village de Rimsdorf (264 hab., 85 cath.), éloigné de 3 km de Sarre-Union, chef-lieu de canton, est un ancien site gallo-romain où furent trouvées au 19ème et 20ème siècle de nombreuses monnaies romaines.

En 1542, Rimsdorf comptait 10 familles soit une centaine d’habitants.

La communauté catholique était toujours desservie par les curés de la paroisse Saint-Georges Sarre-Union.



L’incendie de 1715

Les archives de Bouquenom ou Bockenheim (aujourd’hui Sarre-union) mentionnent un terrible incendie qui réduisit pratiquement tout le village en cendres vers la fin décembre 1715. Dans son Journal, le curé de Bouquenom, Jean François de Kiecler (+ 1741), notait, en effet : « A la fin de l’année 1715, Rimmeldorf fut brûlé de nuit ; je m’y transportai encore à temps pour conserver la chappele » (sic).

D’après la carte du simultaneum de 1802, l’église fait partie des 57 églises mixtes de l’arrondissement de Saverne, le département du Bas-Rhin en comprenant 151 églises tant ouvertes aux catholiques qu’aux protestants.



Sous le patronnage de Sainte Barbe

L’Enquête de l’AN XII (1804) nous apprend aussi que sainte Barbe a été choisie comme patronne de la paroisse.

Y a-t-il une relation entre cette sainte et l’incendie de 1715 ? Peut-être. Sainte Barbe, fêtée le 4 décembre, est classée parmi les 14 saints apotropéens (saints auxiliaires) et qu’elle est la patronne des mineurs, pompiers et artilleurs. On l’implore contre la foudre, la tempête et la mort subite.

Sainte Barbe, en effet, fut enfermée par son père dans une tour à Héliopolis (près du Caire) afin de la mettre à l’abri de toute influence extérieure, mais la grâce parvint néanmoins jusqu’à elle. Son père qui la fit décapiter en l’an 300 devait être tué net par la foudre.

Dans les réalisations artistiques, la sainte est représentée « avec son attribut principal, une tour à trois fenêtres, symbole de la Trinité. Elle porte éventuellement une épée, instrument de son supplice et la palme du martyre. On voit aussi un calice avec une hostie qu’un ange lui apporta dans sa prison. Enfin, il y a quelquefois des plumes de paon : c’est ainsi que se métamorphosèrent les verges destinées à la flageller. ».



Projet d'une construction de chapelle catholique (1901-1905)

En mars 1901, le conseil de fabrique de Sarre-Union envisagea de construire une chapelle pour la communauté catholique de Rimsdorf. Un plan fut élaboré par l’architecte Hannig et la commission des bâtiments de l’Evêché donna son accord. Aussi, un projet de financement fut décidé afin de couvrir la dépense de 14 000 Marks que devait coûter le sanctuaire.

Mais bientôt des difficultés se firent jour et prouvèrent bien vite l’incapacité financière de la petite paroisse de prendre en charge les dépenses prévues. Durant l’année 1902, les discussions portèrent sur la répartition des charges financières et le Bezirkspräsident écrivit au Kreisdirektor de Saverne « qu’aussi longtemps que les moyens pour l’entretien de la chapelle n’étaient pas assurés, l’aide gouvernementale sollicitée pour la nouvelle église ne pourrait être accordée. ».

En 1903, les négociations buttèrent sur l’opposition du conseil municipal de Rimsdorf qui refusa de subvenir aux éventuelles grosses réparations futures et « contesta même l’utilité de la construction. ».

En 1904, l’Evêché de Strasbourg éprouva le besoin de faire le point. Devant l’affirmation du curé Jacques Muller, curé-doyen de Sarre-Union depuis le 8 novembre 1891 et fortement décidé de réaliser cette construction, l’Ordinariat de l’Evêché soutint d’abord le projet. Un terrain de construction fut même acheté pour 800 Marks. Le curé Muller, toujours aussi résolu, précisa : « Il est naturellement nécessaire d’avoir une petite chapelle, quoique le nombre des catholiques de Rimsdorf est faible et n’augmentera guère, car l’église mixte est dans un état lamentable ! ».

Mais le prêtre dut bientôt se rendre à l’évidence et reconnaître que, sans la subvention gouvernementale, il manquera la moitié des sommes nécessaire à la construction. Les fonds, on s’en doute, ne furent jamais disponibles, l’idée de construction bientôt abandonnée et l’église de Rimsdorf continua ainsi à rester simultanée.



Une autre église vit le jour

Fin 1944, l’église de Rimsdorf fut totalement détruite lors des terribles combats entre Allemands et Américains au moment de la libération de la région de Sarre-Union. Une baraque en bois abritant néanmoins l’ancien autel fut provisoirement montée.

Reconstruit à neuf quinze après, le sanctuaire fut consacrée le 3 septembre 1961 par Mgr Billing, représentant Jean-Julien Weber, évêque de Strasbourg. La célébration eut lieu en présence d’une foule considérable et de nombreuses personnalités : Louis Jung, sénateur et maire de Harskirchen, le pasteur Dillmann, inspecteur ecclésiastique, Joseph Werguet, maire de Rimsdorf, M. et Mme Simon, enseignants, Auguste Osswald et Louis Freymann, membres du conseil de fabrique de Sarre-Union ainsi que de plusieurs maires des environs : MM. Adrian (Sarrewerden), Cahé (Keskastel), Kugler (Mackwiller), Séné (Lorentzen)… Furent associés à cette cérémonie le recteur Joseph Kleinclaus (Sarre-Union), les curés Krebs (Harskirchen), Fleck (Keskastel), Roesch (Lorentzen-Diemeringen), Kieffer (natif d’Oermingen). La chorale Sainte-Cécile de Sarre-Union dirigée par Marcel Meyer et accompagnée à l’harmonium par Auguste Fourer avait choisi comme chant d’ouverture « J’étais dans la joie, Alléluia, quand je suis parti pour la Maison du Seigneur. ». De son côté, la Philharmonie du chef-lieu dirigée par Othon Schulze a interprété un choral de Jean-Sébastien Bach. L’homélie de Mgr Billing était fondée sur le verset biblique : « Ma maison sera une maison de prières ! ».

Ajoutons que la mairie et l’école avaient été officiellement inaugurées le 9 juillet et que la communauté protestante avait déjà célébré le culte d’action de grâce en la nouvelle église simultanée, le dimanche 14 mai 1961.

Quant à l’actuel nouvel autel commun aux protestants et aux catholiques, il fut béni, le dimanche 25 février 1990, par Mgr Joseph Gachy, vicaire épiscopal, en présence du curé-doyen Gérard Rebmeister et du pasteur Paul Frantz de Sarre-Union.


Pour conclure, rappelons également qu’au 19ème et 20ème siècle l’une des processions des Jours de Rogations menait toujours les fidèles vers la paroisse annexe de Rimsdorf.



Jean Louis WILBERT

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